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Usine de farine de poisson: Cayar se rebelle et menace

Le Collectif Taxawu Cayar réclame à la justice sénégalaise de fermer l'usine de farine de poisson Touba Protéine Marine. Il est soutenu par Greenpeace dans sa démarche.


Au Sénégal, le Collectif Taxawu Cayar était au Tribunal de grande instance de Thiès ce matin. Celui-ci réclame la fermeture de l'usine de farine et d'huile de poisson installée dans la localité depuis 2018.

Le collectif, composé de représentants de la population, de pêcheurs et de femmes transformatrices de poisson, déplore une dégradation de leur cadre de vie et un impact négatif sur leurs activités économiques.

Dans ce combat, ils sont accompagnés par Greenpeace Sénégal. Une plainte a en effet été déposée le 19 septembre dernier mais l'audience qui devait se tenir ce jeudi a été renvoyée au 6 octobre prochain. 

Marché au poisson de Mbour: des gens sont dans l'eau avec, pour certains, des corbeilles sur la tête (illustration)

Les activités de l'usine de farine de poisson nuisent à l'environnnement et à la qualité de vie des riverains, selon les plaignants

"Une usine qui pollue"

Après la marche du 20 août dernier à Cayar, cette action en justice est la deuxième étape pour le collectif Taxawu Cayar dans sa mobilisation pour la fermeture de l'usine de farine et d'huile de poisson Touba Protéine Marine, anciennement Barna Sénégal, qui est installée dans la localité depuis 2018. 

Cette usine serait, selon le collectif, à l'origine de tous les problèmes environnementaux, sanitaires et économiques des habitants de Cayar.

Ale Sy est le président du collectif Taxawu Cayar. Il estime qu'il s'agit d'"un problème cayarois puisque pendant la campagne, ils seront plus de 1.000 mareyeurs et autres qui risquent de tout perdre car ils n’auront plus de poissons à amener dans les autres localités du pays comme Touba et Diourbel".

Le militant estime que les habitants n'ont "pas besoin d’une usine qui pollue, d’une usine qui (...) cause tous ces dégâts". Pour preuve de ses dires, il évoque les patients du dispensaire de Cayar : "les gens souffrent de toutes sorte de maladies, des problemes respiratoires, des problemes de ventre, des maladies qui n’existaient pas à Cayar avant."

Maître Bathily, avocat du collectif Taxawu Cayar, devant la presse, au sortir du tribunal

Maître Bathily, avocat du collectif Taxawu Cayar, espère obtenir gain de cause

Soutien de Greenpeace

Dans cette lutte, Taxawu Cayar est soutenu par Greenpeace. Son représentant mais aussi l'avocat du collectif se disent confiants quant à l'issue de cette assignation en justice. 

Ablaye Ndiaye et maître Demba Ciré Bathily sont respectivement chargé de campagne Océans de Greenpeace Sénégal et avocat du collectif Taxawu Cayar .

Cruciale sardinelle

Ablaye Ndiaye explique qu'il soutient la lutte des habitants de Cayar "parce que [l'activité de l'usine] détruit principalement le métier des femmes transformatrices de poissons mais ce n’est pas une méthode d’exploitation qui soit durable pour les populations et les communautés sénégalaises".

Selon lui, "les usines de transformation de poissons utilisent la sardinelle pour la fabrication de la farine et de l’huile de poisson" alors que cette même sardinelle est la principale source de revenus de nombreux Sénégalais. "C’est pourquoi Greenpeace dit qu’il faut protéger la sécurité alimentaire des populations d’Afrique de l’Ouest parce que beaucoup de pays autour du Sénégal vivent du poisson peché au Sénégal", explique-t-il au micro de la DW. 

Avec l'arrivée de cette usine à Cayar, ce sont près de 300 femmes transformatrices de poissons qui ont été obligées d'arrêter leurs activités. S'y ajoute la dégradation du cadre de vie des populations. 


Sambou Biagui




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« Une position incohérente et hypocrite », Capitaine Touré recadre Me Youm après sa déclaration sur l’amnistie

L’ancien capitaine de la gendarmerie et actuel Directeur général de l'Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP), Seydina Oumar Touré, a vivement critiqué la récente prise de position de Me Oumar Youm, ancien ministre sous le régime de Macky Sall.

S’exprimant sur la polémique autour de la loi interprétative qui sera soumise au vote le 2 avril à l’Assemblée nationale, Seydina Oumar Touré s’étonne de l’attitude de l’ancien ministre, qu’il juge contradictoire avec son propre engagement politique. « J’ai parcouru le texte de Maître Oumar Youm, ancien ministre du Président Macky Sall. Je trouve sa position très paradoxale, c’est à la limite une négation de son appartenance politique », a-t-il déclaré.

Me Youm, de son côté, dénonce cette loi interprétative qu’il considère comme une reconnaissance implicite des crimes et délits imputés aux membres du PASTEF. Il estime qu’au lieu d’abroger la loi d’amnistie promise, le pouvoir en place propose un texte « indigeste » visant, selon lui, à protéger des « délinquants » au détriment de ceux qui ont défendu la République.

En réponse, Seydina Oumar Touré remet en question la cohérence de la démarche de Me Youm, rappelant que cette loi a été adoptée sous son propre gouvernement. « Faire voter une loi par son parti en marge des canaux appropriés, en moins d’une année, et ‘espérer’ son abrogation, tout en reprochant au régime en place de ne pas l’avoir abrogée, me paraît incroyablement incohérent et foncièrement hypocrite », a-t-il asséné.

Allant plus loin dans son analyse, l’ancien officier de la gendarmerie accuse l’ancienne majorité, aujourd’hui dans l’opposition, de manquer de respect au peuple sénégalais. « Aujourd’hui plus que jamais, le pouvoir de jadis, opposition actuelle, repousse inexorablement les limites de l’irrespect et du manque de considération vis-à-vis du peuple souverain », a-t-il conclu.