Alors que l’AES tourne de plus en plus le dos aux puissances occidentales, dont la France et les Etats-Unis, Moscou multiplie les initiatives pour renforcer son influence dans la région.
Le gouvernement russe s’est déclaré, le jeudi 3 avril 2025, prêt à renforcer son soutien militaire aux pays membres de l’Alliance des Etats du Sahel (Mali, Niger et Burkina Faso), en leur fournissant des équipements militaires et en formant les troupes pour intensifier la lutte contre les groupes djihadistes.
« La Russie a confirmé aujourd'hui qu'elle était prête, en plus de la coopération sur le renforcement des capacités de défense des trois pays par le biais de canaux bilatéraux, à aider à la formation de la force conjointe de l'Alliance des Etats du Sahel en fournissant des services de conseil. L'approvisionnement en équipements militaires est aussi une autre étape indispensable si l'on veut créer la force antidjihadiste unifiée », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, au terme d'une visite à Moscou des chefs de la diplomatie de l’AES.
Il a aussi souligné la prédisposition de la Russie à fournir une « assistance complète » à l’AES dans trois domaines prioritaires. « Le premier est la défense et la sécurité, le deuxième est l'économie et le troisième est la diplomatie, c'est-à-dire la participation aux instances internationales », a-t-il expliqué, citant notamment une collaboration au sein de l’Organisation des Nations Unies (ONU).
Dirigés par des régimes militaires arrivés au pouvoir par des putschs entre 2020 et 2023, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont dénoncé ces dernières années des accords de coopération militaire et économique avec les puissances occidentales pour se rapprocher de la Russie.
Ces trois pays ont également quitté le « G5 Sahel », une organisation régionale censée coordonner les efforts de lutte contre le terrorisme qu’ils jugent « instrumentalisée » et « incompatible » avec l’urgence de la crise sécuritaire.
Pour mieux lutter contre les groupes terroristes armés, Bamako, Ouagadougou et Niamey prévoient de mettre en place une force unifiée de 5000 soldats.
Le Sahel est depuis longtemps une zone de conflits. En 2023, il a enregistré près de 4000 décès attribués au terrorisme, représentant 47% des morts liés à ce fléau à l’échelle mondiale, selon l’Indice du terrorisme mondial 2024 publié par l’Institut pour l’économie et la paix (IEP). Sur les 15 dernières années, la région a connu une hausse importante du terrorisme, avec une augmentation de 2860% du nombre de victimes et de 1266% des incidents signalés. La zone des trois frontières, entre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, est particulièrement touchée en raison de sa richesse en ressources minières, qui constituent un attrait supplémentaire pour les groupes armés.