IL Y AURA UNE CRISE DE LÉGITIMITÉ : UNE COEXISTENCE DE DEUX LÉGITIMITÉS CONCURRENTES
Alors que toutes les forces devront se rassembler pour relever les grands défis du Plan Sénégal Emergent 2, elles se défieront et se neutraliseront comme en toute période de cohabitation. Dans ce cas de figure, l’harmonie entre les majorités ne sera plus la norme. Il y aura une crise de légitimité : un conflit entre le législatif et l’exécutif, une coexistence de deux légitimités concurrentes.
C’est à ce niveau que s’ouvrira l’outre aux vents : allez donc demander à un Premier ministre issu d’une liste opposée à la politique du chef de l’État de conduire une politique qu’il dénonce ! Résultat : il y aurait un désaccord inédit entre les deux têtes de l’État. L’exemple le plus achevé de la dyarchie et de l’anarchie au sommet de l’État. Fatalement, ce sera un tremblement de terre institutionnel. Une crise sans précédent au Sénégal ? À Dieu ne plaise !
Monsieur le Président de la République, à mi-mandat, à l’image de Yayi Boni, Elen Johnson Sirleaf, ou encore François Hollande, Georges Bush et Barack Obama, vous assisterez à la diminution graduelle de votre influence politique et institutionnelle. Toute l’attention des observateurs et commentateurs de la vie politique sera rivée sur une pré-campagne sans précédent, pleine de rebondissements et de reniements.
Palais déserté
Vos Premiers ministres, vos grands ministres à fort potentiel électoral, vos ambitieux directeurs généraux, les commandants en chef et lieutenants de la coalition présidentielle voudront, à juste raison, s’émanciper. C’est ainsi qu’à mi-mandat, les intentions présidentielles naîtront au grand jour. Les alliances et les mésalliances domineront l’actualité. La plupart des alliés et obligés partiront avant terme. Les petits meurtres entre amis et les grandes trahisons entre copains feront les choux gras de la presse. Votre palais sera déserté. La fin de votre magistère se limitera à une sorte de figuration.
Ainsi donc vous fermerez la page la plus héroïque, la plus palpitante et la plus noble de votre vie publique. Vous confesserez quelques regrets et pleurerez en secret le mépris d’un bilan par endroits élogieux et controversé ailleurs. Le déclin sera pour vous une épreuve de vérité.
À votre couchant, vous n’aurez plus grand monde autour de vous. Jeune retraité de la vie politique, à 62 berges, sans avenir, l’histoire retiendra que n’étant pas fait pour des défaites électorales, le temps politique vous a défait. Une seule interrogation kantienne : resterez-vous indifférent à qui vous succédera ?