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Nommé par Macky Sall, Moustapha Niasse cité dans un scandale pétrolier nigérian


Les « Suisse Secrets » n’ont pas fini de livrer tous leurs secrets. Dictateurs, réseaux criminels, espions… « Le Monde » et quarante-sept médias ont eu accès à des informations issues de milliers de comptes, montrant que le fleuron bancaire suisse a hébergé des milliards pour le compte de clients sulfureux.

D’après l’étude d’une vaste fuite de données sur les clients de la banque, des fonds issus notamment de la corruption internationale ont été hébergés dans ses coffres jusqu’aux années 2010.

Basée sur une fuite massive d’informations issues de milliers de comptes bancaires administrés par Credit Suisse, elle montre qu’au mépris des règles de vigilance s’imposant aux grandes banques internationales, l’établissement, né à Zurich, a hébergé des fonds liés au crime et à la corruption plusieurs décennies durant.

L’argent de dizaines de dictateurs et d’hommes politiques corrompus, de grosses fortunes à l’origine illicite ou douteuse, d’individus et d’entreprises frappés par des sanctions internationales, voire de réseaux criminels ou mafieux.

L’enquête Suisse Secret publiée hier éclabousse des politiciens nigérians, congolais et sénégalais. C’est une affaire de gros sous qui intéressent des magnats du pétrole. Plusieurs dizaines de milliards FCfa sont tombés dans les cinq comptes conjoints ouverts dans les livres de Crédit Suisse au profit de ces élites.

Moustapha Niasse et Baba Diao au cœur du scandale

Les enquêteurs ont formellement identifiés les onze signataires des cinq comptes conjoints où plusieurs dizaines de milliards de FCfa ont transité. Selon les écrits de nos confrères de Suisse Secrets, il s’agit de quatre employés de AOG (Mamadou Ciss, Franklin Jackson, Lourenco de Almeida et Ali Kewe Ndiaye) ; deux nigérians Umaru Ali Shinkafi et Ahmed Kusamotu ; deux congolais, Maurice Nguesso et Dominique Nimi Madingou ; deux sénégalais, Moustapha Niasse (homme politique) et Baba Diao (marchand de pétrole)… l’identité de la dernière personnalité n’étant pas connue… Toutefois, Moustapha Niasse a nié avoir eu connaissance de ces comptes, mais déclare qu’il était l’un des actionnaires fondateurs d’AOG en 1987 et qu’il avait quitté la société en 2006 après l’introduction d’Addax à la Bourse de Toronto…

Ces allégations sont corroborées par l’OCCRP (le Projet de signalement du crime organisé et de la corruption. «Aujourd’hui, l’OCCRP a découvert de nouvelles preuves que les dirigeants du groupe Addax et Oryx (AOG), la société qui possédait Addax, entretenaient des liens financiers secrets avec des politiciens d’Afrique de l’Ouest et centrale alors qu’Addax prospérait. Comme les pots-de-vin, cet argent a également été acheminé via le système bancaire suisse.

Huit coffres-forts et des dizaines de comptes ont été ouverts de 2004 à 2007 pour cette organisation criminelle. Selon l’acte d’accusation, les millions de la cocaïne débarquaient dans la banque par la grande porte, dans de petites valises à roulettes. Droit dans ses bottes, Credit Suisse récuse tout en bloc et plaide l’innocence de son ancien gestionnaire de fortune. L’affaire est « héritée du passé ». Ses contrôles anti+blanchiment ont été « massivement renforcés ».


Sambou Biagui




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« Une position incohérente et hypocrite », Capitaine Touré recadre Me Youm après sa déclaration sur l’amnistie

L’ancien capitaine de la gendarmerie et actuel Directeur général de l'Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP), Seydina Oumar Touré, a vivement critiqué la récente prise de position de Me Oumar Youm, ancien ministre sous le régime de Macky Sall.

S’exprimant sur la polémique autour de la loi interprétative qui sera soumise au vote le 2 avril à l’Assemblée nationale, Seydina Oumar Touré s’étonne de l’attitude de l’ancien ministre, qu’il juge contradictoire avec son propre engagement politique. « J’ai parcouru le texte de Maître Oumar Youm, ancien ministre du Président Macky Sall. Je trouve sa position très paradoxale, c’est à la limite une négation de son appartenance politique », a-t-il déclaré.

Me Youm, de son côté, dénonce cette loi interprétative qu’il considère comme une reconnaissance implicite des crimes et délits imputés aux membres du PASTEF. Il estime qu’au lieu d’abroger la loi d’amnistie promise, le pouvoir en place propose un texte « indigeste » visant, selon lui, à protéger des « délinquants » au détriment de ceux qui ont défendu la République.

En réponse, Seydina Oumar Touré remet en question la cohérence de la démarche de Me Youm, rappelant que cette loi a été adoptée sous son propre gouvernement. « Faire voter une loi par son parti en marge des canaux appropriés, en moins d’une année, et ‘espérer’ son abrogation, tout en reprochant au régime en place de ne pas l’avoir abrogée, me paraît incroyablement incohérent et foncièrement hypocrite », a-t-il asséné.

Allant plus loin dans son analyse, l’ancien officier de la gendarmerie accuse l’ancienne majorité, aujourd’hui dans l’opposition, de manquer de respect au peuple sénégalais. « Aujourd’hui plus que jamais, le pouvoir de jadis, opposition actuelle, repousse inexorablement les limites de l’irrespect et du manque de considération vis-à-vis du peuple souverain », a-t-il conclu.