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Assemblée générale de la CJRS : les adieux de Migui Marame Ndiaye

Il y a des discours qui, sans éclat tapageur, laissent une empreinte. Ce samedi 12 avril, devant ses pairs réunis en assemblée générale pour élire son 8e président, Migui Marame Ndiaye a tiré sa révérence à la tête de la Convention des Jeunes Reporters du Sénégal (CJRS).


 
« Nous voici au terme de notre mission », a déclaré le président sortant, qui s’est appuyé sur deux années « placées sous le sceau de la continuité ». Deux années qui, selon lui, ont été celles d’un « travail intense, d’engagement collectif et de consolidation de notre organisation ». Dans un contexte médiatique souvent hostile – entre précarité, pressions économiques et déficit de formation – la CJRS, dit-il, a su « rester debout, proactive et visionnaire ».
 
La formation, pilier central de l’action de la structure, s’est déployée à double niveau : initiale et continue. « Plus de 60 bourses ont été octroyées à des jeunes aspirant à une formation reconnue », a-t-il rappelé, tout en déplorant l’essoufflement du partenariat avec la Mairie de Dakar qui soutenait ce volet depuis une décennie. Côté formation continue, ce sont « plus de 30 ateliers » qui ont été organisés à travers le pays, sur des thématiques aussi diverses que la vérification des faits, la couverture électorale, les tensions sociopolitiques ou encore les industries extractives.
 
Les innovations de la CJRS
 
 Mais au-delà des chiffres, c’est l’approche inclusive qui aura marqué les esprits. Migui Marame Ndiaye s’en est félicité : « Notre maillage territorial a permis d’impliquer les correspondants, trop souvent oubliés, au cœur de notre dynamique nationale ».
 
Sous sa présidence, la CJRS s’est également illustrée par plusieurs innovations. Parmi elles, la finalisation de l’étude nationale sur les conditions de travail des reporters, présentée comme « une base de données inédite pour tout plaidoyer sérieux autour de leurs droits sociaux et professionnels ». Autre réalisation notable : le lancement du Bulletin des Reporters, pensé comme un rempart face à l’explosion des fausses informations lors des événements politiques de 2023.
 
La valorisation des talents journalistiques s’est renforcée avec un concours national revigoré : 290 candidatures reçues, 43 prix décernés. L’introduction du Prix Mame Less Camara, du nom du regretté « doyen », a été saluée comme une initiative forte. « Il a battu tous les records dès sa première édition avec 31 candidatures – le plus grand nombre toutes catégories confondues », s’est-il réjoui. Ce prix, qui récompense le journalisme d’investigation, a par ailleurs permis au lauréat Ass Momar Lo de bénéficier d’un terrain offert par le partenaire Lot 221. Une avancée qualifiée d’« historique ».
 
Sur le terrain institutionnel, la CJRS a gagné en crédibilité. Reçue par le Chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye en lien avec plusieurs hautes autorités, elle s’est imposée comme un interlocuteur reconnu. « La CJRS n’est plus marginale. Elle est consultée, écoutée, respectée », a insisté Migui Marame Ndiaye, qui a attribué cette évolution à « un travail rigoureux, un positionnement équilibré et un ancrage réel sur tout le territoire ».
 
« Ce mandat a été une belle aventure humaine et professionnelle »
 
 Toujours en première ligne, la CJRS s’est engagée dans la défense de la liberté de la presse. Elle a non seulement pris part aux Assises nationales des Médias, mais aussi initié les Assises Régionales de la Presse. Un processus inédit, validé par le comité des Assises, qui a donné la parole aux correspondants, souvent relégués à la périphérie des débats sectoriels.
 
Mais si le bilan est dense, les défis restent nombreux. Dans un message adressé à la nouvelle équipe, Migui Marame Ndiaye a esquissé les priorités à venir : « La finalisation du projet de coopérative d’habitat doit figurer parmi les priorités. Le Président de la République a validé l’initiative ». Il a également plaidé pour la mise en place d’un fonds de solidarité, fort de plus de 5 millions de francs CFA déjà mobilisés pour aider des reporters en difficulté.
 
Autres recommandations : faire appliquer la Convention collective, créer une mutuelle de santé et engager un dialogue structuré entre l’État et les entreprises de presse pour repenser durablement leur financement. Il a insisté sur l’urgence de mettre en œuvre les recommandations des Assises nationales, notamment en matière de fiscalité, d’aides institutionnelles et de transparence.
 
En guise de clôture, le président sortant a livré un message teinté de gratitude et d’humilité : « Ce mandat a été une belle aventure humaine et professionnelle. […] Ce que nous avons bâti ensemble, aucun vent ne pourra l’emporter. » Puis, dans un souffle d’espérance, il a lancé à ses successeurs : « Qu’elle poursuive ce travail avec la même passion, la même intégrité et un souffle nouveau ».
 
 
 

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« Une position incohérente et hypocrite », Capitaine Touré recadre Me Youm après sa déclaration sur l’amnistie

L’ancien capitaine de la gendarmerie et actuel Directeur général de l'Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP), Seydina Oumar Touré, a vivement critiqué la récente prise de position de Me Oumar Youm, ancien ministre sous le régime de Macky Sall.

S’exprimant sur la polémique autour de la loi interprétative qui sera soumise au vote le 2 avril à l’Assemblée nationale, Seydina Oumar Touré s’étonne de l’attitude de l’ancien ministre, qu’il juge contradictoire avec son propre engagement politique. « J’ai parcouru le texte de Maître Oumar Youm, ancien ministre du Président Macky Sall. Je trouve sa position très paradoxale, c’est à la limite une négation de son appartenance politique », a-t-il déclaré.

Me Youm, de son côté, dénonce cette loi interprétative qu’il considère comme une reconnaissance implicite des crimes et délits imputés aux membres du PASTEF. Il estime qu’au lieu d’abroger la loi d’amnistie promise, le pouvoir en place propose un texte « indigeste » visant, selon lui, à protéger des « délinquants » au détriment de ceux qui ont défendu la République.

En réponse, Seydina Oumar Touré remet en question la cohérence de la démarche de Me Youm, rappelant que cette loi a été adoptée sous son propre gouvernement. « Faire voter une loi par son parti en marge des canaux appropriés, en moins d’une année, et ‘espérer’ son abrogation, tout en reprochant au régime en place de ne pas l’avoir abrogée, me paraît incroyablement incohérent et foncièrement hypocrite », a-t-il asséné.

Allant plus loin dans son analyse, l’ancien officier de la gendarmerie accuse l’ancienne majorité, aujourd’hui dans l’opposition, de manquer de respect au peuple sénégalais. « Aujourd’hui plus que jamais, le pouvoir de jadis, opposition actuelle, repousse inexorablement les limites de l’irrespect et du manque de considération vis-à-vis du peuple souverain », a-t-il conclu.