« Nous voici au terme de notre mission », a déclaré le président sortant, qui s’est appuyé sur deux années « placées sous le sceau de la continuité ». Deux années qui, selon lui, ont été celles d’un « travail intense, d’engagement collectif et de consolidation de notre organisation ». Dans un contexte médiatique souvent hostile – entre précarité, pressions économiques et déficit de formation – la CJRS, dit-il, a su « rester debout, proactive et visionnaire ».
La formation, pilier central de l’action de la structure, s’est déployée à double niveau : initiale et continue. « Plus de 60 bourses ont été octroyées à des jeunes aspirant à une formation reconnue », a-t-il rappelé, tout en déplorant l’essoufflement du partenariat avec la Mairie de Dakar qui soutenait ce volet depuis une décennie. Côté formation continue, ce sont « plus de 30 ateliers » qui ont été organisés à travers le pays, sur des thématiques aussi diverses que la vérification des faits, la couverture électorale, les tensions sociopolitiques ou encore les industries extractives.
Les innovations de la CJRS
Mais au-delà des chiffres, c’est l’approche inclusive qui aura marqué les esprits. Migui Marame Ndiaye s’en est félicité : « Notre maillage territorial a permis d’impliquer les correspondants, trop souvent oubliés, au cœur de notre dynamique nationale ».
Sous sa présidence, la CJRS s’est également illustrée par plusieurs innovations. Parmi elles, la finalisation de l’étude nationale sur les conditions de travail des reporters, présentée comme « une base de données inédite pour tout plaidoyer sérieux autour de leurs droits sociaux et professionnels ». Autre réalisation notable : le lancement du Bulletin des Reporters, pensé comme un rempart face à l’explosion des fausses informations lors des événements politiques de 2023.
La valorisation des talents journalistiques s’est renforcée avec un concours national revigoré : 290 candidatures reçues, 43 prix décernés. L’introduction du Prix Mame Less Camara, du nom du regretté « doyen », a été saluée comme une initiative forte. « Il a battu tous les records dès sa première édition avec 31 candidatures – le plus grand nombre toutes catégories confondues », s’est-il réjoui. Ce prix, qui récompense le journalisme d’investigation, a par ailleurs permis au lauréat Ass Momar Lo de bénéficier d’un terrain offert par le partenaire Lot 221. Une avancée qualifiée d’« historique ».
Sur le terrain institutionnel, la CJRS a gagné en crédibilité. Reçue par le Chef de l’État, Bassirou Diomaye Faye en lien avec plusieurs hautes autorités, elle s’est imposée comme un interlocuteur reconnu. « La CJRS n’est plus marginale. Elle est consultée, écoutée, respectée », a insisté Migui Marame Ndiaye, qui a attribué cette évolution à « un travail rigoureux, un positionnement équilibré et un ancrage réel sur tout le territoire ».
« Ce mandat a été une belle aventure humaine et professionnelle »
Toujours en première ligne, la CJRS s’est engagée dans la défense de la liberté de la presse. Elle a non seulement pris part aux Assises nationales des Médias, mais aussi initié les Assises Régionales de la Presse. Un processus inédit, validé par le comité des Assises, qui a donné la parole aux correspondants, souvent relégués à la périphérie des débats sectoriels.
Mais si le bilan est dense, les défis restent nombreux. Dans un message adressé à la nouvelle équipe, Migui Marame Ndiaye a esquissé les priorités à venir : « La finalisation du projet de coopérative d’habitat doit figurer parmi les priorités. Le Président de la République a validé l’initiative ». Il a également plaidé pour la mise en place d’un fonds de solidarité, fort de plus de 5 millions de francs CFA déjà mobilisés pour aider des reporters en difficulté.
Autres recommandations : faire appliquer la Convention collective, créer une mutuelle de santé et engager un dialogue structuré entre l’État et les entreprises de presse pour repenser durablement leur financement. Il a insisté sur l’urgence de mettre en œuvre les recommandations des Assises nationales, notamment en matière de fiscalité, d’aides institutionnelles et de transparence.