Menu

En route vers l’Europe: Près de 50 corps repêchés ces derniers jours au Sénégal, des centaines de disparus


Le Sénégal a fait face à un nouveau drame sur la route migratoire qui relie l’Afrique de l’Ouest aux Canaries: au moins 17 corps sans vie ont été retrouvés lundi matin, ce 24 juillet, au large de Dakar.

– Corps repêchés –

Une embarcation en bois, à bord de laquelle se trouvaient les migrants selon plusieurs témoins sur la plage, flotte sur l’eau, près de la berge. Un journaliste de l’AFP a vu les sapeurs-pompiers repêcher un corps et le déposer sur une bâche sur la plage. Un pompier a assuré sous couvert de l’anonymat que les opérations de recherches avaient commencé à 01H00 locale et GMT.

Le nombre de personnes dans la pirogue n’est pas encore connu. Deux personnes vivantes ont été secourues, a indiqué un responsable de la gendarmerie. Quelques dizaines de badauds sur la plage regardent le déroulement des opérations. « C’est pénible tous ces morts qu’on voit« , estime l’un d’entre eux, Amndy Moustapha Sène, 23 ans, qui rêve de devenir footballeur professionnel.

« Je rêvais d’aller en Europe parce que l’horizon est bouché ici. J’étais prêt à embarquer dans une pirogue mais maintenant, j’ai décidé d’émigrer par la voie légale quand l’opportunité se présentera. Je ne veux plus prendre une pirogue pour partir. Ça n’en vaut pas la peine« , assure-t-il. La route migratoire des Canaries, archipel espagnol et porte d’entrée vers l’Europe dans l’océan Atlantique, connaît ces dernières semaines un net regain d’activités au départ des côtes du nord-ouest de l’Afrique.

Plusieurs drames ont été recensés ces deux dernières semaines. Au moins treize migrants des environs de Dakar sont morts dans le naufrage de leur embarcation il y a environ une semaine au large du Maroc. Un autre bateau a chaviré à Saint-Louis, dans le nord du Sénégal, faisant au moins quatorze morts.

– Intensification des contrôles –

Jeudi 20 juillet en Conseil des ministres, le chef de l’Etat Macky Sall « s’est incliné devant la mémoire des personnes décédées, suite aux récents accidents relevés en mer ». Il a « demandé au Gouvernement d’intensifier les contrôles au niveau des zones et sites potentiels de départ, mais également de déployer l’ensemble des dispositifs de surveillance, de sensibilisation et d’accompagnement des jeunes » en renforçant les programmes publics « de lutte contre l’émigration clandestine« .

Des ONG font régulièrement état de naufrages meurtriers – dont les bilans non officiels se chiffrent selon elles en dizaines, sinon centaines de morts – dans les eaux sénégalaises, marocaines, espagnoles ou internationales. Les autorités au Sénégal et au Maroc ne communiquent pas ou très peu sur ces bilans difficiles à évaluer.

La marine marocaine a annoncé mardi 18 juillet avoir porté secours ces derniers jours à près de 900 migrants irréguliers, la plupart d’Afrique subsaharienne, dont 400 dans les eaux territoriales. Des opérations de recherches se sont aussi déroulées récemment en Espagne, pour retrouver des bateaux de migrants venant du Sénégal portés disparus et transportant plus de 300 personnes, selon l’ONG Caminando Fronteras.


Sambou Biagui




Flux RSS

Inscription à la newsletter



« Une position incohérente et hypocrite », Capitaine Touré recadre Me Youm après sa déclaration sur l’amnistie

L’ancien capitaine de la gendarmerie et actuel Directeur général de l'Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP), Seydina Oumar Touré, a vivement critiqué la récente prise de position de Me Oumar Youm, ancien ministre sous le régime de Macky Sall.

S’exprimant sur la polémique autour de la loi interprétative qui sera soumise au vote le 2 avril à l’Assemblée nationale, Seydina Oumar Touré s’étonne de l’attitude de l’ancien ministre, qu’il juge contradictoire avec son propre engagement politique. « J’ai parcouru le texte de Maître Oumar Youm, ancien ministre du Président Macky Sall. Je trouve sa position très paradoxale, c’est à la limite une négation de son appartenance politique », a-t-il déclaré.

Me Youm, de son côté, dénonce cette loi interprétative qu’il considère comme une reconnaissance implicite des crimes et délits imputés aux membres du PASTEF. Il estime qu’au lieu d’abroger la loi d’amnistie promise, le pouvoir en place propose un texte « indigeste » visant, selon lui, à protéger des « délinquants » au détriment de ceux qui ont défendu la République.

En réponse, Seydina Oumar Touré remet en question la cohérence de la démarche de Me Youm, rappelant que cette loi a été adoptée sous son propre gouvernement. « Faire voter une loi par son parti en marge des canaux appropriés, en moins d’une année, et ‘espérer’ son abrogation, tout en reprochant au régime en place de ne pas l’avoir abrogée, me paraît incroyablement incohérent et foncièrement hypocrite », a-t-il asséné.

Allant plus loin dans son analyse, l’ancien officier de la gendarmerie accuse l’ancienne majorité, aujourd’hui dans l’opposition, de manquer de respect au peuple sénégalais. « Aujourd’hui plus que jamais, le pouvoir de jadis, opposition actuelle, repousse inexorablement les limites de l’irrespect et du manque de considération vis-à-vis du peuple souverain », a-t-il conclu.