Le président turc Recep Tayyip Erdogan a été réélu dimanche à l'issue du second tour du scrutin présidentiel, a annoncé le Haut comité électoral turc. Les résultats définitifs seront annoncés en début de semaine.
Juché sur un bus devant son domicile d'Istanbul, sur la rive asiatique du Bosphore, le chef de l'Etat, 69 ans dont vingt au pouvoir, a pris la parole devant une mer de drapeaux rouges brandis par une foule enthousiaste.
Le président turc Recept Tayyip Erdogan a revendiqué la victoire devant le palais présidentiel. [Emrah Yorulmaz - AFP]
"Notre nation nous a confié la responsabilité de gouverner le pays pour les cinq prochaines années", a-t-il lancé, au terme d'une élection qui l'a contraint pour la première fois à un second tour.
Selon les résultats portant sur plus de 98% des bulletins, publiés par l'agence officielle Anadolu, le chef de l'Etat a obtenu 52,1% des suffrages contre 47,9% à son rival social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu qui, à 74 ans, a perdu le pari de l'alternance et de la "démocratie apaisée" qu'il promettait.
Des rassemblements spontanés se sont formés partout dans les villes où le "Reis" a triomphé, en particulier au coeur de l'Anatolie.
Des milliers de supporters du président Erdogan ont afflué vers le palais présidentiel à Ankara pour fêter la victoire de leur candidat. [Ali Unal - Keystone]
Un désir de sécurité et de stabilité
Ni le désir de changement et d'ouverture d'une partie de l'électorat, ni l'inflation sévère qui mine la Turquie, ni les restrictions aux libertés et l'hyperprésidentialisation d'un pouvoir qui a envoyé des dizaines de milliers d'opposants derrière les barreaux ou en exil, n'ont pesé face au désir de sécurité et de stabilité qui s'était déjà exprimé au premier tour du scrutin.
Pas même les conséquences du terrible du séisme de février (au moins 50'000 morts et 3 millions de déplacés) dans onze provinces du sud du pays, qui ont largement reconduit le chef de l'Etat.
Le parti du président Erdogan, l'AKP islamo-conservateur, sur lequel il a bâti son accession au pouvoir suprême, a perdu des sièges au Parlement mais conserve sa majorité avec ses alliés.
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"Profondément triste" pour la Turquie
Kemal Kiliçdaroglu encaisse quant à lui une défaite de plus, malgré une campagne qui prenait le contrepied de celle du président en promettant le "retour du printemps" face aux invectives.
Considéré par beaucoup, y compris au sein de l'opposition, comme un candidat terne et sans charisme, Kemal Kiliçadaroglu, qui emmenait une coalition de six partis, avait fini par imposer sa marque, des coeurs avec les doigts lors de ses meetings et une faconde posée de "demokrat dede", un "papy démocrate".
Mais il n'a pas su imposer l'économie ni la crise dans le débat électoral et s'apprête, comme il l'avait promis, à "retourner s'occuper de ses petits-enfants".
Il exprimé dimanche soir sa "tristesse" pour l'avenir de la Turquie. "Je suis profondément triste face aux difficultés qui attendent le pays", a déclaré le candidat malheureux et chef du principal parti de l'opposition turque, qui s'exprimait depuis le siège de son parti à Ankara
>> Le sujet du 19h30 sur les deux camps qui s'opposent:
Fatigue et lenteur
Visage fatigué, se déplaçant avec lenteur, Recep Tayyip Erdogan, avait voté à la mi-journée dans son quartier d'Usküdar à Istanbul: une foule enjouée l'y attendait, à laquelle les gardes du corps ont distribué des jouets tandis que le président glissait quelques billets de banque à des enfants.
Le président sortant Recep Tayyip Erdogan et sa femme Emine ont voté dans un bureau à Istanbul. [Murad Sezer - Keystone]
Presque simultanément, tout sourire malgré les pronostics défavorables, Kemal Kiliçdaroglu déposait son bulletin à Ankara en incitant ses concitoyens à voter "pour se débarrasser d'un gouvernement autoritaire".
Le camp Erdogan n'a eu de cesse de qualifier l'opposition emmenée par Kiliçdaroglu de "terroriste" en raison du soutien que lui ont apporté les responsables du parti pro-kurde HDP.
jfe avec agences