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Sénégal : Les médias confrériques musulmans se multiplient

Dans le cadre de la perpétuation des œuvres des fondateurs des confréries et de la vulgarisation de l’islam, de nombreux médias confessionnels ont vu le jour au Sénégal, peuplé de plus 90 % de musulmans.


Au Sénégal, plus de 90 % des habitants sont musulmans et pratiquent un islam confrérique soufi (49 % de la population est tidiane, 31 % mouride, 8 % khadre et 6 % layène…). De plus en plus, ces confréries mettent en place des médias confessionnels pour faciliter la vulgarisation de leur religion et de leurs confréries.

C’est notamment le cas chez les mourides, les tidianes, ou encore les niassènes. Dans ces confréries en particulier, les médias servent à mettre en valeur la religion et les confréries. « Ils vantent la puissance des confréries, diffusent les œuvres des fondateurs de ces confréries, donnent des informations sur la vie de la confrérie, les messages, les symboles, leurs saints. C’est également le même objectif chez les tidianes pour perpétuer l’œuvre de son fondateur, Seydi El Hadj Malick Sy », explique Mor Daga, collaborateur du représentant du khalife général des mourides à Dakar.

Programmes

Adossés à un islam confrérique « tolérant », ces médias offrent un programme garant d’une cohésion sociale, assurant particulièrement une mission d’éducation religieuse. À Touba TV, les émissions religieuses occupent entre 50 à 70 % de la grille des programmes. Il s’agit de reportages sur les manifestations et événements religieux, de la vulgarisation de la pensée de Cheikh Ahmadou Bamba fondateur du mouridisme, de l’enseignement des préceptes de l’islam et du Coran. C’est aussi des causeries religieuses, d’émissions interactives ou de débats et la couverture des activités de la diaspora mouride.

Lamp Fall TV, une autre télévision mouride se distingue par l’absence, dans sa grille des programmes, d’émissions de divertissement, notamment la musique et le sport considérés comme des activités prohibées par l’islam. Selon Hamidou Ba, officiant dans cette chaîne, la philosophie définie par le fondateur du mouridisme est scrupuleusement respectée. Estimant que c’est l’islam qui recommande l’éthique, ces médias font preuve « d’équilibre » dans le traitement de certaines questions, tout en restant conformes à la foi et aux textes » qui régissent le métier de journalisme. Mourchid TV, une télévision de la confrérie tidiane entre dans ce registre. « Il faut savoir que la mise en place de ces médias entre dans le prolongement de l’enseignement de l’islam », renseigne Babacar Fall, membre cette confrérie.

Vivre sa foi

Selon le sociologue Pathé Mbodj, ces médias dont ces confréries s’attachent les services, revêtent un caractère très important dans leur cheminement. « La mise en place de ces médias confrériques sert de manière générale à répondre au besoin exprimé par les Sénégalais de vivre leur foi et de s’informer sur leur religion », relève-t-il. Sur un autre registre, ils servent de « relais » aux khalifes généraux dans les grandes annonces, dans le cheminement des confréries.

Toutes les confréries se sont lancées dans la création de médias (en ligne, télévisions) pour perpétuer l’œuvre de leurs fondateurs et la vulgarisation de l’islam. Dans presque toutes les confréries au Sénégal. C’est ainsi qu’on peut trouver parmi les dizaines de médias confrériques existant, Lamp Fall TV/FMAl Hamdoulilah FMTivaouane FM (tidianes), Bichri TVRadio Touba Hizbut Tarqiyya (mourides), Médina Baye FM (Niassènes), etc.

Les promoteurs de ces médias utilisant généralement le wolof (langue locale parlée par 90% de la population) sont souvent des marabouts ou des hommes d’affaires membres des confréries.

Charles Senghor (à Dakar)

Sambou Biagui




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« Une position incohérente et hypocrite », Capitaine Touré recadre Me Youm après sa déclaration sur l’amnistie

L’ancien capitaine de la gendarmerie et actuel Directeur général de l'Agence d’Assistance à la Sécurité de Proximité (ASP), Seydina Oumar Touré, a vivement critiqué la récente prise de position de Me Oumar Youm, ancien ministre sous le régime de Macky Sall.

S’exprimant sur la polémique autour de la loi interprétative qui sera soumise au vote le 2 avril à l’Assemblée nationale, Seydina Oumar Touré s’étonne de l’attitude de l’ancien ministre, qu’il juge contradictoire avec son propre engagement politique. « J’ai parcouru le texte de Maître Oumar Youm, ancien ministre du Président Macky Sall. Je trouve sa position très paradoxale, c’est à la limite une négation de son appartenance politique », a-t-il déclaré.

Me Youm, de son côté, dénonce cette loi interprétative qu’il considère comme une reconnaissance implicite des crimes et délits imputés aux membres du PASTEF. Il estime qu’au lieu d’abroger la loi d’amnistie promise, le pouvoir en place propose un texte « indigeste » visant, selon lui, à protéger des « délinquants » au détriment de ceux qui ont défendu la République.

En réponse, Seydina Oumar Touré remet en question la cohérence de la démarche de Me Youm, rappelant que cette loi a été adoptée sous son propre gouvernement. « Faire voter une loi par son parti en marge des canaux appropriés, en moins d’une année, et ‘espérer’ son abrogation, tout en reprochant au régime en place de ne pas l’avoir abrogée, me paraît incroyablement incohérent et foncièrement hypocrite », a-t-il asséné.

Allant plus loin dans son analyse, l’ancien officier de la gendarmerie accuse l’ancienne majorité, aujourd’hui dans l’opposition, de manquer de respect au peuple sénégalais. « Aujourd’hui plus que jamais, le pouvoir de jadis, opposition actuelle, repousse inexorablement les limites de l’irrespect et du manque de considération vis-à-vis du peuple souverain », a-t-il conclu.