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Mactar Sylla, consultant international et PDG du groupe sénégalais LABEL MEDIA : «Le rôle du président Tebboune est éminent en Afrique»

Mercredi 11 Septembre 2024

Entretien réalisé par M. Ait Ouarabi

El Moudjahid : Comment la presse sénégalaise a-t-elle accueilli la réélection du président Abdelmadjid Tebboune pour un second mandat ?

Mactar Sylla : La presse sénégalaise, dans son ensemble, porte une attention particulière à tout ce qui touche l’Afrique. C’est donc avec intérêt que les médias, tant publics que privés, se sont fait l’écho des temps forts de la pré-campagne, de la campagne et de la proclamation des résultats provisoires. À un niveau plus personnel et vu le positionnement panafricain de mes organes audiovisuels, j’ai suivi au quotidien non seulement le déroulement de la campagne mais l’actualité dans sa globalité. Lorsqu’un chef d’État que vous n’aviez jamais rencontré auparavant, d’un pays dont vous n’êtes pas un national, vous sort de l’anonymat de la grande masse de compétences continentales pour vous distinguer, comme le Président Tebboune l’a fait à mon égard en novembre 2023, vous lui attachez une attention particulière. L’électorat algérien s’est prononcé librement et dans la sérénité pour lui renouveler sa confiance, je m’en réjouis, le félicite et lui demande de poursuivre son rôle éminent dans la construction d’une Afrique solidaire, digne, pacifiée, dynamique et prospère.

Pourquoi, selon vous, cette élection a suscité un grand intérêt des médias sénégalais et africains en général ?

Cette élection a naturellement mobilisé une forte attention pour plusieurs raisons. Il y a d’abord la place et le positionnement stratégique de l’Algérie en Afrique et dans le monde. S’y ajoutent des éléments géostratégiques dans un continent à multiples foyers de tension où certains pays, comme l’Algérie, pèsent sur les solutions, compromis et apaisements à trouver. L’Algérie, selon les données d’US Global Fire Power est la 2e puissance militaire et selon les statistiques et analyses les plus récentes, la 3e puissance économique de l’Afrique. J’en voudrais pour illustration la stratégie géopolitique et économique inspirée, tendant à redéfinir les relations énergétiques transméditerranéennes. Récemment, le mémorandum d’entente (MOU) signé par Sonatrach et Sonelgaz avec l’Italien ENI pour un projet d’interconnexion électrique démontre que l’Algérie est un pilier, une puissance énergétique incontournable notamment pour le gaz naturel.

Quelle appréciation faites-vous de la politique étrangère de l’Algérie en général et de sa contribution au niveau continental pour faire face aux innombrables défis qui s’imposent à l’Afrique ?

Au niveau diplomatique, l’Algérie s’est, de tout temps, illustrée par son ancrage panafricain, ses initiatives, dont la création de l’Agence algérienne de coopération internationale pour la solidarité et le développement, sous la direction d’Abed Hallouz, avec une dotation budgétaire conséquente à destination de divers projets de développement en Afrique (santé, éducation, eau, infrastructures etc). C’est cela le panafricanisme concret, agissant, généreux et structurant. L’Algérie s’illustre également dans son rôle pour trouver des solutions à diverses situations de crise, notamment au Sahel, en Libye. À titre de rappel, l’Algérie a permis par ses prises de position d’éviter la surenchère et les dérives porteuses de risques au niveau de la Cédéao qui avait décidé d’une intervention militaire au Niger. L'Afrique se souvient et continue de saluer la ferme opposition de l’Algérie à toute intervention militaire au Niger et de l’énergie déployée par le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, en tournée au Nigeria, Bénin et Ghana, afin d’éviter l’escalade et d'aider à trouver une issue concertée et heureuse à la crise. Je ne peux m’empêcher de citer, entre autres, le leadership de l’Algérie dans l’adoption d’une nouvelle convention des Nations-Unies sur la lutte contre la cybercriminalité et le rôle joué par l’ambassadrice Faouzia Mebarki ou encore le plaidoyer pour une plus grande place de l’Afrique, notamment au Conseil de sécurité.

Que pensez-vous de l’état des relations entre l’Algérie et le Sénégal ?

En observateur attentif, je peux affirmer que les relations entre l’Algérie et le Sénégal sont au beau fixe. Les convergences de vues sont nombreuses, notamment sur la Palestine. Le Sénégal préside depuis 48 ans le Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien. L’Algérie s’inscrit dans la même dynamique comme allié indéfectible des Palestiniens. C’est bien à Alger, le 15 novembre 1988, qu’a eu lieu la proclamation de la création de l’État palestinien, en présence du leader historique, Yasser Arafat, ancien chef de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) et du Fatah. Il y a quelques jours, le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, a participé à un rassemblement à la grande mosquée de Dakar en soutien aux Palestiniens et réaffirmé la position de soutien historique du Sénégal. Au niveau économique, le partenariat entre les deux pays est croissant avec une large marge de progression et de complémentarité notamment dans le secteur des hydrocarbures, de l’agriculture et de la transformation, de la pêche, du tourisme, des échanges commerciaux en général. Au niveau financier, la banque algérienne a pris ses marques au Sénégal. La deuxième banque algérienne agréée à l’étranger, Algerian Bank of Senegal (ABS) a été inaugurée le 21 septembre 2023. Au niveau sportif, les Fennecs et les Lions sont des compétiteurs proches et de haut niveau. Au niveau du transport aérien, Air Algérie dessert régulièrement Dakar au moment où Air Sénégal réduit la voilure vers la France, l’Espagne et l’Italie. Air Algérie se dit «prête» à renforcer sa ligne Alger-Dakar et son hub à l’aéroport international d’Alger.

M. A. O.
 
 





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