Autre explication, selon Dakar Matin, pour comprendre cet effondrement du parti Benno Bokk Yaakaar et cette percée de la coalition rivale Yewwi Askan Wi en un temps record : “le simulacre de campagne” auquel se sont livrés les responsables du parti au pouvoir.

Un référendum déguisé

En effet, le parti présidentiel avait d’autres objectifs durant cette campagne. Comme l’analyse Enquête Plus, toute la stratégie de “BBY” aura été de faire de ce scrutin législatif “un référendum sur le troisième mandat” du président Macky Sall.

Un référendum réussi pour Enquête Plus, qui souligne que, même sans candidature officielle, le président a réussi à mobiliser suffisamment pour obtenir une majorité : “Un coup qui a très bien marché, puisque la politique, malgré les apparences, a horreur du flou ; et le flou a magistralement été entretenu sur le sujet.”

Autre son de cloche pour Dakar Matin, pour qui la dimension référendaire de ce scrutin législatif a pu desservir le clan présidentiel et a donné aux législatives une allure de “dégagisme” : “Ce troisième mandat a été l’épicentre du discours de campagne de Yewwi. Pas une seule localité où Ousmane Sonko [leader de l’opposition] n’ait pas évoqué le 3e mandat. Ce qui donnait à ces élections législatives un aspect référendaire. Aujourd’hui, on perçoit dans cette percée de Yewwi un rejet du 3e mandat tant agité ces derniers jours.”

À quoi s’attendre désormais pour BBY ? Là aussi c’est le flou, selon Enquête Plus. À moins de vingt mois de la prochaine présidentielle, prévue en février 2024, “personne ne sait avec certitude comment les chiffres des législatives vont être décryptés” par le pouvoir sénégalais, note Enquête Plus.

Une majorité relative ou une cohabitation ?

Si la tendance se confirme, le pouvoir en place pourra toujours alléguer que seulement 47 % des électeurs inscrits sur le fichier électoral ont réellement voté. “Que pensent donc les 53 % restants ? Qui sont-ils ? Pourquoi ne se sont-ils pas déplacés ?” s’interroge Enquête Plus.

Désormais, quelle sera l’attitude du président Sall ? La presse sénégalaise fourmille d’hypothèses. “Va-t-il dégager tous les politiciens responsables à tort de cette situation fragile pour s’entourer d’une nouvelle équipe et collaborer loyalement avec Yewwi pour continuer de gouverner dans la stabilité pendant les quelques mois qui lui restent à la tête de ce pays ? Ou bien va-t-il tenter obstinément le coup mortifère du 3mandat (au risque de provoquer une guerre civile) ?” s’alarme Dakar Matin.

Et Dakar Matin d’imaginer une forme de cohabitation forcée pour le président Macky Sall. “La possibilité d’une cohabitation n’est même pas à écarter. Ce qui serait révolutionnaire puisque, depuis 1960 jusqu’à nos jours, jamais le parti au pouvoir n’a perdu la majorité qualifiée à l’Assemblée nationale