Arrestations de masse, violences policières, blocage des réseaux sociaux, entraves à la liberté de la presse… Longtemps présenté comme un modèle en Afrique de l’Ouest, le Sénégal peine à préserver les libertés publiques dans le contexte tendu de la présidentielle à venir, en 2024.
Au moins seize morts et des dizaines de blessés lors de manifestations violemment réprimées début juin 2023 à Dakar, des centaines d’arrestations de protestataires inculpés pour « atteinte à la sûreté de l’État », des journalistes empêchés de travailler voire embastillés… L’état des libertés inquiète au Sénégal, longtemps salué pour sa démocratie exemplaire dans une Afrique de l’Ouest où les coups d’État militaires sont l’habitude.
Un test pour la démocratie
« Nous appelons à des enquêtes crédibles et indépendantes sur les décès dans les manifestations, les arrestations arbitraires massives et les cas de violences policières », exige Seydi Gassama, le directeur du bureau régional d’Amnesty International. Pour le défenseur des droits humains, « les dérives des forces de l’ordre, observées depuis deux ans, ne doivent pas rester impunies », sous peine de connaître des flambées de violences encore plus graves d’ici à la présidentielle du 25 février 2024. « C’est un vrai test de démocratie pour le Sénégal ! »
Cette présidentielle cristallise toutes les tensions. À la tête du Sénégal depuis onze ans, le président Macky Sall, 71 ans, entretient le doute sur sa candidature à un troisième mandat, pourtant jugé inconstitutionnelle par nombre de juristes. L’opposition l’accuse aussi d’instrumentaliser la justice pour écarter ses concurrents.
C’est d’ailleurs la condamnation à deux ans de prison ferme d’Ousmane Sonko, le 1er juin 2023, qui a mis le feu aux poudres. Accusé de viols, qu’il nie, le principal opposant à Macky Sall a finalement été épinglé pour « corruption de la jeunesse », condamnation qui l’empêche automatiquement de se présenter à la présidentielle.
Pour les journalistes sénégalais, la couverture de la crise que traverse le pays est devenue très compliquée. « Il est de plus en plus difficile de travailler avec les forces de sécurité, déplore Sadibou Marong, directeur du bureau régional de l’ONG Reporters sans frontières. En novembre, une nouvelle étape a été franchie avec l’emprisonnement pendant près de deux mois de Pape Alé Niang. »
Journalistes arrêtés ou frappés
Le journaliste d’investigation était accusé de « diffusion de fausses nouvelles ». Une première depuis 2004 au Sénégal. « C’est une manière de dire aux journalistes : si vous ne faites pas attention, ce sera votre tour », estime Sadibou Marong, qui dénonce les arrestations à répétition et les coups reçus sur le terrain par plusieurs journalistes de la part de policiers. En 2023, le Sénégal a glissé de la 73e à la 104e place au classement de la liberté de la presse.
Dans un pays où le téléphone portable est le principal moyen pour s’informer, les autorités mettent aussi la pression sur l’accès à Internet. « Chers clients, l’État décide de suspendre l’Internet mobile. » Le 4 juin, de nombreux Sénégalais ont reçu ce SMS de la part d’Orange Sénégal. Cette suspension de la 3G et de la 4G, pendant 48 heures, est intervenue après le blocage de l’accès aux réseaux sociaux, le 1er juin. Motif ? « La diffusion de messages haineux et subversifs. »
Ken FERNANDEZ, notre correspondant à Dakar.
« Une nouvelle violation flagrante de la liberté d’informer », rétorque Sadibou Marong, pour qui « le rétablissement complet d’Internet est indispensable au travail journalistique et à l’apaisement des tensions. »
Au moins seize morts et des dizaines de blessés lors de manifestations violemment réprimées début juin 2023 à Dakar, des centaines d’arrestations de protestataires inculpés pour « atteinte à la sûreté de l’État », des journalistes empêchés de travailler voire embastillés… L’état des libertés inquiète au Sénégal, longtemps salué pour sa démocratie exemplaire dans une Afrique de l’Ouest où les coups d’État militaires sont l’habitude.
Un test pour la démocratie
« Nous appelons à des enquêtes crédibles et indépendantes sur les décès dans les manifestations, les arrestations arbitraires massives et les cas de violences policières », exige Seydi Gassama, le directeur du bureau régional d’Amnesty International. Pour le défenseur des droits humains, « les dérives des forces de l’ordre, observées depuis deux ans, ne doivent pas rester impunies », sous peine de connaître des flambées de violences encore plus graves d’ici à la présidentielle du 25 février 2024. « C’est un vrai test de démocratie pour le Sénégal ! »
Cette présidentielle cristallise toutes les tensions. À la tête du Sénégal depuis onze ans, le président Macky Sall, 71 ans, entretient le doute sur sa candidature à un troisième mandat, pourtant jugé inconstitutionnelle par nombre de juristes. L’opposition l’accuse aussi d’instrumentaliser la justice pour écarter ses concurrents.
C’est d’ailleurs la condamnation à deux ans de prison ferme d’Ousmane Sonko, le 1er juin 2023, qui a mis le feu aux poudres. Accusé de viols, qu’il nie, le principal opposant à Macky Sall a finalement été épinglé pour « corruption de la jeunesse », condamnation qui l’empêche automatiquement de se présenter à la présidentielle.
Pour les journalistes sénégalais, la couverture de la crise que traverse le pays est devenue très compliquée. « Il est de plus en plus difficile de travailler avec les forces de sécurité, déplore Sadibou Marong, directeur du bureau régional de l’ONG Reporters sans frontières. En novembre, une nouvelle étape a été franchie avec l’emprisonnement pendant près de deux mois de Pape Alé Niang. »
Journalistes arrêtés ou frappés
Le journaliste d’investigation était accusé de « diffusion de fausses nouvelles ». Une première depuis 2004 au Sénégal. « C’est une manière de dire aux journalistes : si vous ne faites pas attention, ce sera votre tour », estime Sadibou Marong, qui dénonce les arrestations à répétition et les coups reçus sur le terrain par plusieurs journalistes de la part de policiers. En 2023, le Sénégal a glissé de la 73e à la 104e place au classement de la liberté de la presse.
Dans un pays où le téléphone portable est le principal moyen pour s’informer, les autorités mettent aussi la pression sur l’accès à Internet. « Chers clients, l’État décide de suspendre l’Internet mobile. » Le 4 juin, de nombreux Sénégalais ont reçu ce SMS de la part d’Orange Sénégal. Cette suspension de la 3G et de la 4G, pendant 48 heures, est intervenue après le blocage de l’accès aux réseaux sociaux, le 1er juin. Motif ? « La diffusion de messages haineux et subversifs. »
Ken FERNANDEZ, notre correspondant à Dakar.
« Une nouvelle violation flagrante de la liberté d’informer », rétorque Sadibou Marong, pour qui « le rétablissement complet d’Internet est indispensable au travail journalistique et à l’apaisement des tensions. »