Moundiaye CISSÉ, directeur exécutif ONG 3D, pointe du doigt le ministre de l’Intérieur
Valdiodio Ndiaye expert électoral
« La loi, elle est très simple et très claire. C’est-à-dire une ordonnance de rétablir ses droits qui a été introduite par Sonko au niveau du tribunal de Ziguinchor. Le juge a donné raison à Ousmane Sonko en émettant évidemment une ordonnance pour qu’il soit réintégré sur les listes et qu’on lui donne les fiches de parrainages », a expliqué Valdiodio Ndiaye, expert électoral, sur les ondes de Sud FM (privé). Et d’ajouter «Nous savons qu’en matière administratif, les recours n’ont pas un effet suspensif. A partir de ce postulat-là, la DGE devait simplement s’exécuter ».
Mais en l’espèce, «la DGE a fait ce qu’on peut considérer comme du dilatoire », a-t-il soutenu. Selon l’expert électoral, « les avocats de Sonko se sont adressés à la CENA conformément aux dispositions légales du code électoral. Parce que nous savons que la CENA a un rôle de supervision. Et à la limite même de substitution quand les institutions en charge d’organiser les élections sont défaillantes ». « Aujourd’hui, ce qui peut se faire dans un premier temps, la CENA a fait une injonction assez courtoise à la DGE. Maintenant, si la DGE ne s’exécute pas, il est logique et normal que la CENA se substitue à la DGE pour remettre Ousmane Sonko dans ses droits. La CENA a le pouvoir de se substituer en un organe en charge d’organiser les élections si cet organe est garant dans la mise œuvre », a estimé M Ndiaye.
D’ailleurs, il souligne que « ce n’est même pas la DGE qui doit réintégrer Sonko sur les listes électorales, c’est la DAF sur injonction du ministère de l’intérieur. Parce que c’est la DAF qui gère le fichier électoral. Et la DGE travaille au coude à coude avec la DGE. Le travail qui doit se faire à partir du ministère de l’intérieur.» « Quand on est légaliste, on doit remettre les fiches à Sonko. Ensuite, attendre la décision de la cour suprême », indique Valdiodio Ndiaye. « Ne pas dépasser les lignes rouges»
A la question de savoir quels impacts ces actes peuvent avoir sur le processus globalement en termes de conflits pré et postélectoraux, il répond : «ce sont de petits détails qui risquent d’élever le niveau de suspicions sur les organes en charge des élections. Ce n’est pas bon pour une élection. Parce que les organes en charge d’organiser les élections doivent gagner la confiance des différents acteurs politiques pour qu’ils puissent jouer réellement leur rôle d’organisateurs et d’arbitre du processus. Je pense qu’il faut vraiment qu’on n’en a arrivé à régler cette affaire, à ne pas dépasser les lignes rouges».
Ndiaga Sylla expert électoral, président du cabinet Expertise Electorale
Alioune Tine, président de AfrikaJom Center
«La Direction Générale des élections (DGE) qui refuse de respecter la Décision du juge et l’injonction de la Commission électorale nationale autonome (Cena), une régulation et un arbitrage du processus électoral impuissants à faire respecter la loi électorale par l’administration. Le Directeur Général des élections est disqualifié par son attitude qui consiste à refuser délibérément les décisions des organes de régulation des élections. Ces incidents ne sont pas mineurs pour un enjeu électoral aussi important que l’élection présidentielle. Il faut éviter des conséquences imprévisibles de cette attitude sur la Campagne électorale, sur le scrutin ou la situation post-électorale. Si les normes juridiques et les décisions des institutions de régulation des élections ne sont pas respectées par l’administration, cela met en risque la régularité et la transparence du processus électoral.
C’est une transgression de l’Etat de droit et du suffrage universel. Depuis la découverte du pétrole et du gaz, nous assistons à la dégradation de la démocratie, de l’Etat de droit, et surtout la crise de l’élection, de la gouvernance et de la sécurité, le Sénégal n’échappe pas à cette tendance. Il faut absolument que les acteurs politiques et de la société civile s’engagent dans un dialogue pour trouver un consensus pour un processus électoral crédible, transparent et inclusif.
Car, objectivement, cette résistance de la Dge donne à voir une volonté d’exclure coûte que coûte Ousmane Sonko de la présidentielle, donc de rejeter toute décision juridique ou de la Cena susceptible de restaurer son éligibilité. Nous devons absolument éviter que le Sénégal connaisse la rupture démocratique connue dans certains pays de la sous-région. Car tous les ingrédients qui ont fait basculer certains de ces pays s’accumulent : arrestations et détentions, transgression des lois par l’administration, exclusion arbitraire d’un candidat sérieux de l’opposition à l’élection présidentielle. Il faut s’arrêter et dialoguer, ce forcing nous mène droit au mur. La Dge répond à la Cena : La Direction générale des élections maintient sa position et insiste sur "le défaut de présence de Sonko sur le fichier électoral"».